J’adore écrire, et, pour moi cela va de pair, j’adore lire. Certains textes amusent, d’autres interrogent, d’autres encore captivent. Et certains inspirent. Parmi ceux-là, je trouve que les contes sont particulièrement puissants. Il y a quelque temps, j’ai entrepris de revisiter certains d’entre eux avec mes propres mots, ma propre sensibilité, comme dans La légende du colibri ou Laouen le petit bigorneau qui ne lâchait rien. Aujourd’hui, j’avais envie de parler d’un obstacle que je trouve particulièrement difficile à surmonter : les croyances limitantes. Il y a quelques années, j’avais déjà écrit un texte[i], plutôt sérieux, sur le sujet. J’ai choisi de le traiter maintenant sous forme de conte, tout en l’ancrant dans le présent. Cette idée m’a été inspirée par l’histoire de l’éléphant enchaîné que vous connaissez peut-être. C’est ainsi qu’est née l’histoire d’Olie, le petit poisson qui ne savait pas qu’il pouvait nager autrement qu’en tournant en rond. Bonne lecture !

Il fait très beau aujourd’hui. Elio sautille dans la rue, accroché à la main de son père. Il entend déjà la musique des manèges. Il se met sur la pointe des pieds pour essayer de voir plus loin. Ça y est, il aperçoit les lumières qui tournoient vers le ciel ! Comme chaque année, les fêtes de la Madelon, institution fontenaysienne[1], s’ouvrent avec la fête foraine. Et Papa est rentré plus tôt du travail pour l’y emmener !

Dès la barrière franchie, ils sont engloutis par le bruit. Chaque manège y va de sa musique, dans une cacophonie joyeuse. L’odeur des merguez se mêle à celle des gaufres et des croustillons. Les forains lancent leurs phrases rituelles pour attirer le client. Le soleil de ce premier jour de juin joue avec les feuilles des arbres, créant des formes dansantes sur le goudron de la rue Lacassagne coupée à la circulation pour ces trois jours hors du temps. Le cœur d’Elio déborde de joie. Il lâche la main de Papa et s’éloigne en criant :
Regarde, des auto-tamponneuses ! Et là, du tir à la carabine !
Son père le suit en souriant, se remémorant sa même joie il y a… disons… plus de vingt ans…
Doucement ! On fait le tour d’abord. Tu choisiras ensuite ce que tu veux faire.
Ils passent devant le carrousel et sa musique d’antan, les petites chaises volantes, les bulles gonflables roulant sur l’eau, le palais du rire et finissent par atteindre l’extrémité de la fête refermée par une chenille diabolique prise d’assaut par des adolescents réjouis, bras en l’air, cheveux au vent. Papa se penche vers son fils et demande :
Alors, Elio, tu veux faire quoi ?
L’enfant saute sur place en tapant des mains.
La pêche aux canards ! La pêche aux canards !

Quelques minutes plus tard, Elio arbore un air très sérieux. Muni d’une canne à pêche au manche de bambou usé et d’une cuvette encore vide, il s’emploie à attraper les petites figurines de plastique lestées par un bouchon de liège. D’ailleurs, il n’y a pas que des canards : des crocodiles et des tortues colorés sont aussi de la fête. Le forain l’encourage :
Allez, mon petit, cinq et tu gagnes !
Elio fronce les sourcils. Sa langue pointe au coin de sa bouche.
Ouais, j’ai réussi ! Tu as vu Papa ? Je suis trop fort !
Encore un, et ça fera cinq, mon grand !
Un canard violet passe à proximité de l’hameçon, fait mine de s’accrocher puis repart dans le courant. Ce sera un vert, finalement !
Ça y est, j’ai gagné !
Bravo !
Le forain reprend la canne à pêche et énonce :
Alors tu as le choix entre un sifflet, une boîte de claque doigts ou un poisson.
Elio se fait charmeur.
Papa, papa, je peux avoir un poisson ?
Papa hésite un instant.
Je ne sais pas trop… Il faut s’en occuper…
J’m’en occuperai, j’m’en occuperai ! S’te plaît, s’te plaît !
D’un signe de tête, Papa accepte. Elio s’approche d’une cuvette dans laquelle nagent une multitude de poissons.
Lequel tu veux ?
Le garçon désigne un poisson argenté avec des reflets bleutés sur le dos.
Celui-ci ! Il n’est pas comme les autres !
Oui, tu as raison. C’est un petit du genre Alburnus aeternus. Mais on l’appelle plutôt Abléternel, parce qu’il vit très très longtemps !
Peu intéressé par ces considérations zoologiques, Elio s’empare du petit sachet transparent dans lequel nage son nouveau camarade. Il le lève à hauteur de ses grands yeux brillants et le contemple avec fierté :
Salut, tu t’appelleras Olie…

*

Voilà plusieurs semaines qu’Olie est entré dans la vie d’Elio. Papa et lui sont allés à l’animalerie acheter un bocal, et le petit garçon a choisi une jolie plante bien verte pour le décorer. Il voulait ajouter un coffre avec un trésor de pirates, mais Papa a dit que ça ferait trop. Chaque jour, Elio compte en les plaçant dans la paume de sa main les granulés de nourriture, puis les donne à Olie.
Tiens, c’est l’heure de manger ! Tu as trop de la chance, tu n’as pas besoin de te laver les mains, toi ! Bon appétit !
Elio colle son nez au bocal et regarde son petit compagnon avaler les morceaux.
Tu sais, aujourd’hui, c’était pas marrant à l’école. La maîtresse m’a disputé parce que j’ai fait tomber ma règle par terre ! J’ai même pas fait exprès !

Les jours passent…
Aujourd’hui j’ai eu un A en mathématiques ! Bon, j’aime pas trop les mathématiques quand même…

Les semaines défilent…
Tu sais quoi, Olie, je passe en sixième ! La grande école ! Je te le dis qu’à toi, mais j’ai drôlement la trouille de la grande école quand même. Papa dit qu’il ne faut pas que je m’inquiète, que ça va être sympa, qu’il y aura plein d’autres enfants comme moi. Mais s’ils se connaissent tous déjà ? S’ils restent ensemble et ne me parlent pas ? Heureusement, tu seras là, toi !

Les mois se succèdent…
Olie, tu sais, il y a une fille, elle me plaît drôlement. Tu ferais comment, toi, pour lui parler ? Tu crois que je lui écris un mot ? Et si je ne lui plais pas ? Et si elle se moque de moi avec ses copines ? Tu as de la chance, toi, tu n’as pas à parler.

Puis les années…
Olie, il faut que tu m’aides. Je dois choisir mon orientation. Tu te rends compte ! Je dois décider de ce que je ferai pour le reste de ma vie ! C’est super important ! Dehors je fais le grand, mais à toi, je peux le dire, je ne suis encore qu’un enfant au-dedans…

Et encore les années…
Salut Olie, il y a longtemps qu’on ne s’est pas parlé. La semaine prochaine, je pars à l’université. À Montpellier. Comme je ne vais plus pouvoir te donner à manger, Papa a dit qu’on allait te relâcher dans le lac. Mais faut pas que tu t’inquiètes, ça va être sympa, il y aura plein d’autres poissons comme toi.

Le samedi suivant, Elio et Papa ont placé avec précaution Olie dans un seau. Ensemble, ils descendent vers le lac des Minimes, en lisière du bois de Vincennes. Quand Elio était petit, ils venaient souvent tous les deux en faire le tour, à pied ou en trottinette. C’est même là qu’Elio a appris à faire du vélo. Ils faisaient la course avec Papa : 3, 2, 1, go ! Le dernier arrivé paye la barbe à papa ! Ils prennent vers la gauche, s’éloignent un peu du chemin goudronné et s’approchent de la rive. Elio plonge la main dans le seau et effleure les flancs du poisson. Il tourne un peu le dos à son père et murmure :
Ça y est, Olie, c’est le moment. L’heure de vivre ta propre vie. Sois heureux, mon ami !
Il penche délicatement le seau et Olie glisse dans l’eau. Elio se détourne précipitamment, enfonce ses mains dans ses poches, et s’éloigne en serrant les dents. Quelques pas plus loin, il sent la main de Papa lui serrer doucement l’épaule, dans ce geste discret de soutien qu’il a toujours su faire dans les moments où Elio en avait besoin.

*

Le soleil se lève sur le bois de Vincennes. Un trait de lumière passe à travers les arbres et vient illuminer l’eau autour d’Olie. Un poisson fin et long, au dos strié de rayures noires, approche.
Salut ! Tu es nouveau ici ?
Oui, je m’appelle Olie !
D’accord, bienvenue Olie ! Moi, c’est Flow. Tu viens ?
Flow s’éloigne rapidement dans la clarté matinale, sans se rendre compte qu’Olie ne la suit pas.

Quelques heures plus tard, elle s’approche de nouveau.
Tu es toujours là ?
Oui, c’est ici qu’on m’a relâché.
Tu sais, le lac est grand.
Non, je ne sais pas, peut-être. C’est quoi, grand ?
Flow le regarde, interloquée.
Grand, c’est… Euh… Vaste, étendu, spacieux…
J’ai un peu de mal à imaginer ce que ça veut dire.
Viens, je vais te faire visiter !
Olie sent son cœur se serrer.
Non, non, plus tard peut-être…
Flow se tait un moment, pensive, puis donne un coup de nageoire, file vers la surface et gobe un moucheron. Un autre poisson à rayures noires approche et la questionne :
C’est qui, lui ?
C’est Olie, c’est un nouveau. Il ne veut pas que je lui fasse visiter le lac.
Bah, laisse tomber, encore un original. Viens, on va faire un tour vers les racines de saule.
Les deux compères s’éloignent, laissant Olie à ses questions.

Le lendemain, alors que le jour levant colore l’eau de reflets orangés, Flow s’approche de nouveau d’Olie.
Salut ! Tu as passé toute la nuit ici ?
Oui, oui, c’est tranquille ici.
Tu sais, je t’observe depuis un moment… Pourquoi tu tournes en rond comme ça ?
Comment ça ?
Eh bien, tu restes toujours au même endroit, et tu tournes en rond.
Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire ?
Tu n’es pas obligé ! Il y a de l’espace, plein de choses à découvrir ! Tu peux foncer, aller tout droit !
Olie secoue la tête.
Je ne peux pas.
Comment ça, tu ne peux pas ?
Quand j’étais petit, j’ai essayé d’aller tout droit.
Et ?
Je me suis cogné.
Cogné où ?
Je ne sais pas. Je ne voyais rien, mais à chaque fois que je voulais aller tout droit, bim, je me cognais le nez !
À chaque fois ?
Oui, à chaque fois. Enfin, au bout d’un moment je n’ai plus essayé.
Pourquoi tu n’as plus essayé ?
À quoi ça aurait servi ? J’ai bien compris, je ne suis pas capable d’aller tout droit. Alors je tourne en rond. Ça, j’y arrive.

Flow garde le silence. Elle commence à s’éloigner, résignée à laisser Olie tourner sur lui-même. Puis elle fait volte-face. Non, elle ne peut pas le laisser comme ça ! Il faut le convaincre !
C’est vraiment dommage que tu ne veuilles plus essayer ! Tu pourrais voir tellement de choses passionnantes en changeant d’endroit ! Il y a plein de copains poissons, des algues, des feuilles. On peut s’amuser à se faufiler entre les pattes des canards ! Et même parfois il y a du pain qui tombe du ciel ! Il paraît que c’est interdit mais il en tombe quand même ! Et il y a la grotte enchantée !
C’est quoi, ça ?
Là-bas, sous la rive de l’île. Un trou tapissé de cailloux brillants. Magnifique ! Attends…
Flow s’éloigne à tire de nageoires et disparaît du champ de vision d’Olie. Un peu déçu par ce départ précipité, Olie s’arrête un instant. Est-il possible qu’un tel endroit existe ? Devrait-il croire sa nouvelle amie ? Non… S’il essaye à nouveau et qu’il échoue, il sera tellement déçu. Sans doute ne pourra-t-il pas le supporter. Olie soupire et recommence à décrire ses cercles rassurants.

Au bout d’un moment, Flow est de retour.
Regarde !
Elle tient dans sa bouche un tout petit caillou brillant.
Il faut que tu viennes voir ça ! Il y en a des milliers comme ça !
Olie baisse la tête.
Mais je t’ai dit que je n’en étais pas capable…
Mais si, je vais t’aider… Viens…
Les joues d’Olie se colorent d’un reflet rouge. Ou peut-être est-ce le soleil du matin…
Flow…
Quoi ?
J’ai peur…
Allez, imagine comme ça va être beau là-bas. Imagine comme tu seras fier d’y être arrivé. Je te promets qu’il n’y a rien qui va t’empêcher d’avancer.

Alors Olie se place tout contre Flow. Son cœur bat si fort qu’il craint que son amie ne l’entende, prenne peur et disparaisse de nouveau. Leurs nageoires se touchent. Olie détend son corps qui avait fini par prendre une curieuse forme arquée. Lentement, ils commencent à avancer. Quand l’eau devient un peu plus profonde, un peu plus froide, Olie a un mouvement de recul. Flow accentue un peu la pression sur sa nageoire. Ils se regardent. De nouveau, ils avancent, en rythme. Doucement d’abord. Puis un peu plus vite. Et encore plus vite. Ça y est, comme le vent, ils filent ! Droit. Tout droit.

*

Elio marche, un téléphone collé à l’oreille. À côté de lui, sa femme pousse une poussette dans laquelle une petite fille suce avec concentration l’oreille d’un lapin en peluche vert et blanc. Vert et gris, plutôt. C’est le début du printemps. L’air est doux, on sent à peine le souffle du vent. Çà et là, des bouquets de jonquilles en fleurs éclairent le sous-bois. Comme pratiquement chaque dimanche, ils font le tour du lac des Minimes. Le kiosque à confiseries est ouvert. Il fait encore un peu frais pour s’offrir une glace, mais une gaufre, qui sait ? Peut-être un peu plus tard.

Elio raccroche et fourre son téléphone dans sa poche.
Ras le bol de ce boulot ! Toujours un problème. Ils ne me laissent jamais tranquille ! Même le week-end !
La femme pose une main sur son bras.
Ne t’inquiète pas, ça va s’arranger…
Un peu trop brutalement, Elio se dégage.
Non, c’est de pire en pire ! Jamais ça n’ira mieux. Il faut toujours donner davantage aux actionnaires, économiser sur tout au détriment de la qualité pour leur plaire. Je ne peux pas travailler comme ça !
Habituée depuis quelque temps à ses accès de colère, la femme s’arrête et lui caresse tendrement la joue. Elle le regarde dans les yeux et dit timidement :
Tu pourrais peut-être changer de travail…
Elio pousse un profond soupir et fixe le sol à ses pieds.
Non, tu le sais bien. Je ne trouverai jamais un job aussi bien payé.
Ce n’est pas grave…
Si, c‘est grave ! Comment on ferait avec la maison, la petite ?
On y arrivera…
Elio hausse les épaules.
– Pff, de toute façon je ne sais pas faire autre chose. J’ai déjà essayé et je me suis planté. Tu te rappelles quand j’ai voulu monter une entreprise ? Même pas un an, ça a tenu !
La femme tente de le rassurer :
C’est juste que ce n’était pas le bon projet…
Mais non ! Ça sera toujours pareil ! Je suis nul ! Incapable de mener ma vie comme il faut !
La femme s’arrête et se place devant lui.
Tu voudrais faire quoi ?
Je voudrais… Non, c’est idiot…
Quoi ?
Mon rêve, c’était…
Elle l’encourage du regard.
Oui ?
C’était de travailler le bois…
Je comprends. On va réfléchir à ça…
Ils reprennent leur marche en silence, poussant devant eux leur enfant.

Alors que le chemin les mène tout près de l’eau, la fillette s’agite dans sa poussette. Elle tend les bras vers l’avant.
A ! A !
Sortant de ses rêves inaccessibles, Elio se penche vers elle.
Qu’est-ce que tu as vu, ma chérie ?
A ! Son ! Son !
Ne comprenant pas, Elio reprend sa marche. La fillette se met à agiter les pieds, frappant sur son siège et tendant le doigt.
Son ! Son !
Le jeune père s’arrête et regarde dans la direction pointée par sa fille.
Je ne vois…
Un éclair argenté fuse à la surface du lac.
Oh !
Elio s’accroupit. Il reconnaît l’endroit.
Non, ce n’est pas possible…
Il trempe un doigt dans l’eau.
Olie, c’est toi ?
Le poisson s’immobilise et le regarde.
Oui, c’est toi…

La gorge serrée, Elio retourne des années en arrière. Il revoit les canards en plastique, la fête, sent la main de Papa. Papa… Il lui manque encore souvent… Il entend l’écho de tous ces mots confiés devant le bocal. Ses rêves, ses envies, ses peurs… Devant lui, le petit poisson argenté au dos aux reflets bleutés se met à tourner en rond.
Pourquoi tu tournes comme ça ?
Le poisson stoppe et le regarde. Puis il reprend. Tourne, tourne, inlassablement. Soudain Elio comprend.
C’est moi, c’est ça ? Je tourne en rond ?
Le poisson stoppe de nouveau. Le jeune homme soupire.
Tu as raison… Je suis dans un bocal. Je ne sais pas comment en sortir. Je ne peux pas. Je n’en suis pas capable. Olie… J’ai peur…
Dans le lac, le poisson s’éloigne à toute allure, fait demi-tour, revient, bondit hors de l’eau, s’enfonce, passe sous des racines à demi immergées, ressort, ondule, joue avec le soleil printanier, saute encore, ses écailles renvoyant la lumière en des milliers de petites étoiles dansantes.
Tu es libre, toi ! Oh, comme je voudrais être comme toi !
Le poisson frappe la surface de l’eau de sa queue mordorée et l’éclabousse. Elio recule en souriant.
Tu penses que je peux, c’est ça ?
Le jeune homme s’agenouille et plonge la main entière dans l’eau.
Pardon de t’avoir enfermé si longtemps. Je croyais que c’était ton destin de tourner en rond dans un bocal. Mais je comprends maintenant que tu avais besoin d’un espace plus grand pour t’exprimer pleinement.
Le petit poisson frôle sa main. Au même moment, une voix chuchote à son oreille.
Elio, ton bocal, c’est toi qui l’as fabriqué. Il ne tient qu’à toi de le briser ! Il te faut juste trouver le courage d’essayer.
Il sent alors une pression familière sur son épaule. Son cœur bondit. Papa ? Il se retourne. Personne. Sa femme se tient à plusieurs dizaines de mètres de là, occupée à tendre des cailloux à sa fille qui les lance un peu plus loin. Elio regarde de nouveau le lac. La surface est lisse. A-t-il rêvé ?

Soudain, un éclair argenté, une gerbe de gouttelettes, une brève rafale de vent portant des effluves sucrés de gaufres et de crêpes. Quelque part au-dessus de sa tête, un oiseau salue joyeusement le renouveau du printemps. Le cœur d’Elio se gonfle d’un enthousiasme tout neuf. Il sourit au lac redevenu calme, inspire profondément l’air léger, puis se dirige en courant vers sa femme et sa fille.
Eh bien, qu’est-ce qu’il te prend ? interroge-t-elle, étonnée.
Le jeune homme esquisse un pas de danse.
Venez vite, toutes les deux, suivez-moi ! J’ai un bocal à briser !


Le voyant si guilleret, la petite fille laisse éclater sa joie en riant aux éclats. Elio se penche vers elle, la regarde au fond des yeux et pose avec douceur la main sur sa petite épaule :
Ce soir, je te raconterai l’histoire d’un petit poisson qui tournait en rond… Il te montrera que même si on a échoué plusieurs fois, on peut quand même parvenir à aller tout droit. Et si un jour tu manques de force pour élargir ton horizon, changer de direction, si tu as peur, si tu doutes de toi, je te promets que je serai là, tout contre toi, et qu’ensemble on avancera.
Il embrasse sa femme et sa fille, adresse un clin d’œil discret à la surface du lac un instant troublée par une multitude de cercles concentriques, puis lève la main bien haut et l’abaisse en criant : 3, 2, 1, go, le dernier arrivé paye la barbe à papa !

Cercles concentriques à la surface de l’eau, évoquant le changement et la liberté

 

 

[i] Sur ce blog : Faites taire vos croyances limitantes, osez l’imperfection

[1] Depuis plus de 100 ans, la ville de Fontenay-sous-bois organise au printemps Les fêtes de la Madelon, avec des concerts, une fête foraine, des animations de rue, un vide grenier et de nombreux stands associatifs.

 

 

© Copyright Isabelle Anne Roche – 2025 – Tous droits réservés
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Image avec un cairn et une fleur représentant les textes inspirants

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