J’ai deux amours

7 septembre. Assise dans le salon, je me dis qu’il y a à peine 24 heures, j’étais posée sur un rocher au bord de l’eau, emplissant mes yeux du vaste horizon sur lequel dérivaient au loin les îles Glénan. Me laissant hypnotiser par le mouvement régulier et sans fin de l’océan. Là, au creux du canapé un peu défoncé, je ressens le manque. Celui du vent dans les cheveux, celui des embruns salés, du cri des goélands, de la rudesse du granit, de la course lente des bigorneaux, celui du ciel toujours changeant.

Du ciel… Je tourne les yeux vers la fenêtre. Une lueur rose filtre à travers le tilleul quasiment collé à la façade. Un signal retentit quelque part dans mon cerveau. J’envoie valser le magazine posé sur mes genoux, me lève d’un bond, m’élance dans l’escalier et monte aussi vite que mes jambes le permettent là-haut, sous le toit. J’ouvre le Velux. Me hisse sur la pointe des pieds. Ma tête résonne du bruit des battements de mon cœur mécontent de cette course folle. Puis c’est le silence. Les yeux grands ouverts, je contemple.

Là, devant moi, la ville s’étale, dessinant ses contours sur un ciel fascinant, presque irréel, que même une Intelligence Artificielle surpuissante n’aurait pu inventer, mêlant des rouges, des noirs, des orangés, du gris, du jaune encore par endroits. Et au milieu, pas plus haute qu’un pouce, et pourtant si grande, la tour Eiffel imprime sa mythique silhouette sur l’horizon flamboyant. Les mots du grand Jacques frémissent sur mes lèvres : « et quand vient le soir, pour qu’un ciel flamboie, le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? » Je fixe l’instant d’une pression sur mon smartphone, regrettant une fois de plus le temps où je traînais partout avec moi mon appareil photo. Et puisque, comme l’a si bien chanté Joséphine, on peut avoir deux amours, c’est dit, je chéris l’océan et Paris !

Un peu de musique ? Écoutez ici : Ne me quitte pas J’ai deux amours

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